Après 7h30 de vol depuis Paris et 5 heures de route, la voiture défraîchie qui m'a transportée depuis Pointe-Noire me crache dans un ultime toussotement. Me voilà au cœur de la jungle congolaise, dans le parc national de Conkouati.
L'humidité est la première à m'accueillir. Puis très vite, c'est un bébé moustac qui vient me saluer! C'est la première fois que j'observe cette espèce de singe. Et au vu de son comportement intrépide, je comprends rapidement que l'animal a été recueilli par Help Congo, l'association avec laquelle je collaborerai quelques semaines.
Très vite, Vanessa fait irruption. Elle sera aux commandes du campement le temps de mon séjour. Elle me présente succinctement les lieux et le programme des prochains jours. A l'évidence, je ne me dorerai pas la pilule au soleil! De fait, je suis là pour réaliser une mission d'éco-volontaire et porter main forte à une poignée d'hommes et de femmes courageux qui consacrent leur vie à la protection des chimpanzés.
Mission de l'ONG Help Congo
Help Congo, fondée en République du Congo par Aliette Jamart, est une association dont le domaine d'action est la protection des chimpanzés et de leur habitat. Sensibiliser les gens sur la biodiversité et la protection de la nature est l'autre enjeu majeur de sa mission. Dans cette perspective, l'ONG intervient chaque année auprès des populations locales afin de leur expliquer l'importance de protéger nos plus proches cousins.
Nourrir les primates
Le lendemain de mon arrivée, réveillée aux aurores par le chant des oiseaux, j'engloutis d'une traite mon petit déjeuner et puis je m'empresse de remplir des grandes bassines de fruits et de légumes, dont raffolent les chimpanzés.
Pas une minutes à perdre, il est déjà l'heure pour moi de monter à bord d'une petite embarcation et de rejoindre la première île sur laquelle vivent 3 chimpanzés.
Durant la première semaine de mon séjour, il me sera demandé de rester à bord de la barque afin d'observer le comportement des primates. Mais en réalité, je crois bien que ce sont eux qui m'ont le plus scruté. Qu'on en juge, je suis dévisagée de haut en bas tandis que de mon côté j'ose à peine maintenir leur regard. Avouons-le, je suis mal à l'aise.
A proximité de la deuxième île, c'est encore plus intense. Cette fois, face à moi, se dressent une douzaine d'individus!
Enfin, sur la troisième île, deux femelles et un bébé déambulent sous le regard protecteur d'un seul et unique mâle prénommé Dereck. Mais celui-ci se montre tellement agressif que la tension ne retombe pas.
A la fin de la première semaine de mon séjour, il me sera demandé de descendre de l'embarcation et d'approcher ces impressionnantes créatures.
Ma rencontre avec Banane
A peine débarquée près du territoire des primates, un imposant chimpanzé nommé Banane tend son bras dans ma direction et me fait signe avec sa main de m'approcher. Des frissons me parcourent. Banane a la carrure impressionnante d'un gorille et son regard perçant m'intimide. Désormais, moins d'un mètre nous sépare.
Nouveau défi: l'employé de l'association qui m'accompagne me suggère de m'approcher encore un peu plus. Je suis fébrile.
Notre curiosité réciproque l'emportera finalement sur la peur. A ma grande surprise, Banane fera preuve d'une douceur extraordinaire. Tel un médecin de brousse, il examinera avec délicatesse la cicatrice que j'ai sur le genou, la longeant plusieurs fois avec son pouce. Me livrera-t-il un diagnostic?
Il s'intéressera ensuite à mes piqûres de moustique, allant jusqu'à les gratter! A plusieurs reprises, il cherchera même à nettoyer ma combinaison avec de l'eau.
Par dessus-tout, il attrapera ma jambe et la posera sur son territoire. Et, croyez-moi, si je m'étais permis une telle liberté avec un autre de ses congénères, il y a fort à parier que mon intrusion m'eut causé de forts dommages.
Le chimpanzé, notre plus proche cousin
Certes, nous partageons près de 98% de notre patrimoine génétique avec le chimpanzé. Cependant, Banane aura fait preuve de plus d'humanité que la plupart des hommes.
Recueilli en 1997 dans un zoo situé en zone de guerre à Brazzaville, Help Congo le prend en charge et l'installe sur une île afin de le réhabituer progressivement à son environnement naturel.
Mais son histoire et sa proximité avec l'homme ne le priveront-ils pas de recouvrer un jour sa pleine et entière liberté?
Le Triangle
Si Help Congo a pour mission de prendre en charge des chimpanzés sauvés du braconnage et de s'en occuper, l'objectif poursuivi par l'association est qu'à terme, chacun d'entre eux puisse retrouver sa liberté.
Ainsi, lorsque l'un des pensionnaires du sanctuaire se montre suffisamment indépendant, il est conduit et relâché dans "le Triangle", une zone d'observation située en pleine jungle congolaise, à une heure en bateau du sanctuaire. Là-bas, sous le regard attentif d'une équipe employée par l'association, chaque chimpanzé relâché est examiné afin de s'assurer de sa bonne adaptation en milieu sauvage.
Les enseignements de cette expérience
L'aventure arrive à son échéance. Il me faut quitter le sanctuaire. Un peu triste mais la tête pleine de souvenirs, je me dirige péniblement vers la sortie. A cette occasion, je m'interroge: quels enseignements ai-je tirés de cette expérience?
Je réalise non seulement que la protection de l'environnement, de la faune et de la flore est capitale mais qu'elle nous concerne tous.
De plus, je remarque que les chimpanzés sont étrangement similaires aux êtres humains, tant sur le plan physique que comportemental. en définitive, étudier nos plus proches cousins peut certainement nous permettre d'en apprendre davantage avant tout sur nous-mêmes.
"Sois le changement que tu veux voir dans le monde"
Depuis la fin de cette expédition africaine, je parraine Banane. Quelques mois après mon retour en France, j'aurais eu le privilège d'intervenir dans une école d'Ile-de-France afin de sensibiliser les enfants à la déforestation.
Selon moi, chacun de nous peut, à son échelle, participer à la protection de la planète: cela n'a rien d'irréalisable.
Gandhi n'a-t-il pas dit: "Sois le changement que tu veux voir dans le monde"?
Laura
*Jai réalisé ce voyage en 2018. Depuis le début d'année 2021, c'est désormais Beauval Nature qui est en charge du programme de conservation Help Congo.
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