top of page

Awra Amba, une utopie en Ethiopie

Laura

Dernière mise à jour : 8 févr. 2021



En 1971, John Lennon chantait Imagine, une ode à la paix dans laquelle il faisait part de son rêve de vivre dans un monde sans frontières ni religions, où les hommes passeraient plus de temps à chercher ce qui les rapproche plutôt que ce qui les oppose.

Il l'ignorait, mais à des milliers de kilomètres de Liverpool, vivait un homme qui partageait ses idéaux et qui était sur le point de transformer cette utopie en réalité.


Il y a 4 ans, je découvrais l'Ethiopie armée de mon sac à dos et d'un programme en béton: Trek dans le Parc National du Simien, visite des églises de Lalibela, de Gondar, croisière sur le lac Tana et randonnée autour des chutes du Nil Bleu… J'avais pensé à tout. Du moins, c'est ce que je croyais.

Parce que c'est grâce à l'insistance de mon chauffeur que je me suis laissée convaincre de fouler le sol d'un village dont je n'avais jamais entendu parler auparavant et qui pourtant valait à lui seul mon déplacement depuis la France.

Awra Amba, une communauté fascinante fondée en 1972 par Zumra Nuru.


Lorsqu'il était enfant, cet homme aujourd'hui âgé de 73 ans, était le témoin révolté des tâches domestiques, aussi nombreuses qu'assommantes, que sa mère était forcée de réaliser chaque jour. Cette situation était pourtant la norme en Ethiopie et cela semblait n'avoir jamais choqué personne jusque là. Pourtant, chez le jeune garçon de l'époque, ce fut le déclic. La prise de conscience inattendue des inégalités auxquelles les femmes doivent faire face dans son pays.

Il ne lui en fallait pas plus pour prendre la décision de tout mettre en œuvre pour vivre au sein d'une société qui se voudrait égalitaire et progressiste.

Alors, lorsque 66 personnes -des paysans comme lui pour la plupart- se sont jointes à son projet fou, Zumra et ses désormais co-fondateurs se sont installés sur un terrain qui supporte aujourd'hui le village d'Awra Amba.

A l'égalité des sexes se sont rapidement ajoutés d'autres combats: l'accès à l'éducation, la résolution des problèmes liés aux mauvais traitements des personnes âgées et de ceux en rapport avec les religions et aux conflits qu'elles nourrissent.


Aujourd'hui, la communauté compte plus de 600 membres. Au sein du village, le travail n'est pas attribué en fonction du genre mais des envies et des capacités de chacun. C'est certainement le seul endroit en Ethiopie où il est possible de voir un homme tisser une étole pendant qu'une femme laboure un champs.

La solidarité étant la (valeur) clé de la réussite du village, les bénéfices générés par chaque corps de métier sont équitablement répartis entre chaque famille.

Le taux d'alphabétisation à Awra Amba est nettement supérieur à la moyenne nationale et il n'est pas rare qu'aux côtés des jeunes étudiants, des adultes illettrés se glissent sur les bancs de l'école afin d'apprendre ce qui leur était inaccessible auparavant.

Quant aux personnes âgées, elles peuvent se reposer dans la maison de retraite à l'architecture tellement atypique.

Aussi, contrairement à ce qui est encore de rigueur sur le reste du territoire, les mariages arrangés et l'excision sont formellement proscrits.

Et en ce qui concerne la religion, si les membres de la communauté sont libres de croire en un Dieu, ils ont renoncé aux traditions que leur foi impose. De toute façon, aucun lieu de culte n'a trouvé sa place dans cet endroit qui se veut libre de toute appartenance. Selon Zumra, le dieu créateur se trouve partout autour de nous et n'a aucunement besoin d'être enfermé dans une église ou une mosquée pour exister. Et si dans le village on refuse de lui donner un nom, c'est que cela suffit à diviser les hommes. Or, ici, on cherche à les rapprocher les uns des autres.


A la fin de ma journée à Awra Amba, où le monde semble tourner bien plus rond qu'ailleurs, j'ai eu le privilège de rencontrer Zumra Nuru en personne.

Arborant son fameux chapeau vert qui semble avoir toujours été vissé sur sa tête, il semble très fier de ce qu'il a accompli et très humble à la fois.

Avant mon départ, nous avons pris le temps d'échanger quelques mots, quelques rêves... des paroles remplies de l'espoir que le monde se remplisse de plus d'endroits comme celui-ci.


J'ai quitté le village d'Awra Amba en me répétant mentalement, comme un mantra, la devise de Zumra qui dit: "Traite les autres comme tu voudrais être traité".


C'est tellement simple…



Laura

26 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comentarios


Post: Blog2_Post

Formulaire d'abonnement

Merci pour votre envoi !

  • Instagram

©2021 par MaGaïa. Créé avec Wix.com

bottom of page